Mange tes croûtes si tu veux grandir! Qui n’a jamais entendu (ou prononcé!) ces sages paroles? Peut-être parce que leur sécheresse contraste grandement avec le moelleux de la mie, les croûtes de pain sont souvent mises de côté par les enfants et même, soyons honnêtes, par certains adultes.
La petite cousine de mes enfants, Michelle, a trouvé une façon bien particulière de manger ses croûtes, après les avoir détestées pendant des années. L’une de ses amies japonaises (qui a un mari québécois) les fait griller dans la poêle avec du beurre, tout simplement. Soudainement, ces croûtes qui étaient du domaine du refus global sont devenues un délicieux goûter.
Le brocoli (et les crucifères en général) est un autre mal-aimé des enfants. Un article publié dans La Presse+ la semaine dernière suggère qu’un gène serait à l’origine de l’aversion qu’ont certaines personnes pour ce légume vert et vitaminé. En raison d’une variation du gène TAS2R38, environ 25% de la population serait incapable de goûter l’amertume de ces légumes, 50% la goûteraient de façon modérée et l’autre 25%, que l’on appelle les super-goûteurs, la percevrait de façon particulièrement aigüe ce qui expliquerait leur répulsion. L’évolution pourrait expliquer l’existence des super-goûteurs. En général, les plantes toxiques ont un goût amer. Les gens qui vivaient dans des endroits où il y en avait beaucoup avaient avantage à savoir détecter ce goût. Les enfants difficiles seraient-ils davantage des super-goûteurs? La théorie veut que l’on retrouve davantage cette variation chez les femmes parce qu’elles portent les enfants et qu’elles doivent mieux détecter les substances toxiques pour les protéger. Les enfants seraient aussi plus sensibles en raison de leur système immunitaire plus faible. Cela dit, certains enfants tout simplement plus réticents à essayer de nouvelles saveurs et textures. Est-ce que cela signifie que ces personnes n’aimeront jamais le brocoli? Pas nécessairement. L’environnement alimentaire compte pour beaucoup. Certains apprécient l’amertume de certains légumes, probablement parce qu’ils en ont mangé toute leur vie. D’autres apprennent à aimer certains aliments lorsqu’ils sont cuisinés d’une façon différente (comme pour les croûtes!)
Nous avons tous eu des recettes de transition qui nous ont fait aimer un aliment que nous détestions enfant. Certains aliments restent bannis à vie de notre alimentation par goût personnel (le foie de veau et l’agneau pour moi!), mais d’autres deviennent des réguliers. Selon mes parents, j’étais l’enfant la plus difficile de la planète. Je me souviens encore de mon père qui, un bon matin, découragé de ne pas être capable de me faire avaler mon petit déjeuner, m’a lancé le contenu de la cuillère de gruau au visage, excédé. Je me souviens encore comme je pleurais chaque fois que ma mère cuisinait du poisson. Elle l’a apprêté à toutes les sauces, rien n’y faisait. Comme tous les enfants, mes papilles se sont développées et maintenant, je ne mange que ça. C’est le mercure à fond la caisse, il faut que je dose! Reste que je pense à ces scènes quand l’une de mes enfants fait la difficile devant son assiette et cela m’aide à relativiser le drame. La pomme ne tombe jamais loin de l’arbre! Je me dis que le temps fait bien les choses. Qu’aimeront-elles plus tard? Comme le disait la chanson… Que sera sera… L’avenir nous le dira. Mais le menu sera sûrement plus varié!
Pour vous aider à développer les goûts alimentaires de vos enfants, voici un article truffé de bons trucs.
J’aimerais aussi connaître votre histoire. Quels aliments détestiez-vous enfant et dont vous ne pourriez plus vous passer maintenant? Quels trucs votre famille a-t-elle développés pour inclure de nouvelles textures et de nouveaux goûts?