Le nouveau livre à glisser dans votre petite poche de derrière? Ah!
Avec J’M les TDAH, Kim Rusk et Dominic Gagnon souhaitent démystifier le fameux TDAH, tout en offrant une vision allumée et positive de cette condition qui touche plus de 700 000 personnes chaque année au Québec; il existe différents types du trouble du déficit de l’attention et plusieurs traitements, mais l’important est avant tout de consulter et d’aller chercher un diagnostic!
À travers les témoignages inspirants de l’animatrice Kim Rusk, de la chanteuse Marie-Mai, du chef Danny St-Pierre, des hommes d’affaires Dominic Gagnon, Étienne Crevier et de l’ancien joueur des Alouettes de Montréal, Étienne Boulay, on nous démontre qu’avoir un TDAH est tout sauf un obstacle. Au contraire, ils ont transformé cette différence en un véritable atout et l’ont utilisée comme un moteur pour la réalisation de grandes choses.
Hier soir, je suis allée faire un petit tour au lancement du livre du sympathique duo et j’en ai profité pour jaser avec Étienne, Danny et Kim (Psssst! Toutes les photos du lancement sont à la toute fin de l’entrevue).
«C’est quand même très drôle, parce que je ne suis pas diagnostiqué TDAH. Par contre, tout le monde s’en doute, et avec raison! Donc, le processus avec Kim, c’était d’un peu me prendre par la main, de m’amener rencontrer les docteurs à une clinique de TDAH pour adultes et de faire le processus! Et la vérité, c’est qu’on devrait avoir les résultats depuis 6 mois à peu près, et qu’on ne les a toujours pas… Pour la simple et unique raison que je suis tellement TDAH que je n’ai pas envoyé tous les documents qu’il fallait que j’envoie (rires)! Je ne suis vraiment pas à mes affaires. Heureusement que les gens de la clinique sont indulgents! Ils sont habitués de dealer avec des gens comme moi, parce que je suis zéro zéro sharp et organisé! Mais je suis plein de bonnes intentions. J’ai appris à connaître beaucoup plus Kim Rusk grâce à ce projet-là et c’est quelqu’un que j’apprécie beaucoup. Je sais qu’elle travaille bien et que c’est une passionnée, et j’aime qu’elle réussisse à montrer à quel point c’est beau… Il y a du succès dans le TDAH! On voit toujours ça un peu négativement, on en parle 99% du temps par rapport aux enfants, mais c’est une problématique chez les adultes aussi! Mais si tu l’acceptes, si tu l’adoptes, ça peut devenir quelque chose de bien bien beau!», m’a confié Étienne lors de l’événement.
«Je n’ai jamais vraiment été à l’aise d’utiliser ce branding-là pour me définir, mais force est d’admettre que l’on se ressemble tous beaucoup à un certain point; cette façon-là d’être, de réfléchir… Elle fait que, quand on se retrouve, on a plein de points en commun. Le fait de grandir avec un TDAH et d’apprendre à vivre avec ça, ça a été une démarche super personnelle mais qui a fonctionné pour moi, parce que j’ai transformé un soi-disant handicap en un avantage en l’utilisant correctement et en étant attentif, attentionné, ambitieux, motivé… Et ce message-là, je voulais le porter aux gens. Peut-être qu’un petit gars ou une petite fille de 12-13 ans qui ne sait pas trop ce qu’il ou elle fait et qui a de la difficulté à se concentrer va lire ça et va se dire: «Ah, ça s’peut! C’est peut-être moi, ça! Ok, ça, c’est un chemin! Je comprends». C’est ce que je voulais laisser. Cette énergie-là et cette drive-là qu’on a, cette espèce de folie frénétique, bien, dans les métiers comme le mien, c’est super efficace! Ce n’est pas un handicap, c’est un atout. C’est aux gens normaux de nous suivre (rires)!», m’a dévoilé le chef Danny, qui a découvert son TDAH sur le tard, à l’âge de 35 ans.
Aider les jeunes et faire changer le système d’éducation
Kim, pourquoi avoir décidé de faire ce livre?
À force de parler de mon TDAH en direct à la radio (dans mon cas, c’est de l’hyperactivité mentale), je recevais tellement mais tellement de messages sur le sujet: des parents, mais aussi des adultes qui sont diagnostiqués TDAH qui se reconnaissaient et qui profitaient de ma tribune justement pour me poser un tas de questions auxquelles je ne connaissais malheureusement pas les réponses, parce que je ne disposais pas assez d’informations! Je me suis même rendue compte qu’il y a quelque chose qui me manquait… et à un moment donné, j’ai fait la rencontre de Dominic Gagnon dans le cadre de mon premier livre, Inspiration Inc.; Dominic est un homme d’affaires et en jasant, j’ai découvert qu’il avait tout comme moi un TDAH avec trouble d’opposition/provocation! On s’est revus un peu plus tard, lorsque je suis allée signer des livres au Salon du livre de Québec, et on a suggéré à l’éditeur de faire un livre sur le sujet et il accepté immédiatement l’idée! Imagine! Ça, c’était fin avril, et aujourd’hui le livre est dans mes mains et on est en octobre! Donc, ça s’est fait vite en tabarouette (rires)! On a travaillé fort là-dessus tout l’été.
Tu commences le livre en blaguant sur le fait que tu as un «TDAHMAGBOCAR», un «Trouble Déficitaire de l’Attention avec Hyperactivité Mentale Associé à un Grand Besoin d’Organisation, de Contrôle et d’Avoir Raison»: un petit surnom cute à ton TDAH?
Ça c’est une joke que je faisais quand je faisais la première partie de Peter MacLeod. Je commençais le show en me présentant: «Moi, j’suis une fille TDAH! TDAH, c’est un trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité mentale, avec un grand besoin d’organisation, de contrôle et d’avoir raison». En fait, pour résumer tout ça, je disais que j’étais… les gens criaient «UNE FEMME», et moi je leur disais «Non, UNE FOLLE» (rires)! Je suis folle! Mais c’est drôle! Moi je trouve ça le fun d’avoir de la folie, je trouve ça le fun d’être différent et je trouve ça le fun être weird! Je trouve que c’est ça qui fait que tu te différencies dans la vie en fin de compte pis que tu as une couleur! La couleur, c’est beau.
Je te cite: «Je le réalise aujourd’hui, mon hyperactivité mentale est devenue mon principal atout. C’est grâce à cet état, entre autres, que je suis là où je suis dans ma vie professionnelle et je dois l’utiliser pour moi et non contre moi».
C’est ce qui me sert le plus dans la vie! Quand je regarde tous les projets que je mène de front, autant professionnels que personnels, je réalise que ma vie est un peu folle…! Je ne pourrai pas dire que je n’ai pas fait grand chose dans ma vie. Oh que non! Ce n’est pas dur, je suis tout le temps en train de faire quelque chose… Mon frère a besoin d’une job? Je vais l’aider à en trouver une, mais aussi m’occuper de son déménagement, d’organiser son mariage… Si un de mes amis a besoin d’un avocat pour un problème familial, je m’embarque dans le dossier et au lieu de lui donner juste le numéro de téléphone de l’avocate, je lui envoie un dossier PowerPoint COMPLET! J’aime ça! Et si je regarde la sortie de J’M les TDAH, ce n’était pas assez pour nous il faut croire, de juste sortir le livre, car on a aussi mis sur pied une fondation, créé des capsules web… Mon quotidien est toujours occupé de mille choses à faire! Mais c’est le fun! Je ne m’ennuie pas. Tout va vite, vite, vite pour moi… c’est sûr que lorsque tu ne sais pas que tu es TDAH, que tu vis ça, que les autres te le reprochent et que tu ne comprends pas pourquoi tu es de même, c’est choquant, c’est frustrant. Ça peut jouer sur ta confiance en toi! Mais quand tu le sais, là tu connais la raison et tu peux gérer, trouver des outils, essayer d’être plus focus.
C’est le fun que ça puisse te servir! Habituellement, il y a beaucoup de préjugés sur le TDAH et les gens voient davantage le côté négatif.
Chaque cas est différent… Quand j’étais plus jeune, c’était plus difficile. Je suis une bien meilleure TDAH à 30 ans qu’à 12 ou 18 ans. Aujourd’hui, la médication a beaucoup évolué parce qu’on en entend plus parler, il y a aussi des études sur le sujet. Il faut faire attention par contre, il ne faut pas s’autodiagnostiquer et la médication n’est pas la solution tout le temps! La médication est une solution si on n’a pas d’autres alternatives… qu’on les a toutes essayées et qu’on pense que ça peut nous donner un coup de main! Pour ça, ça prend un psychiatre, un neuropsychologue et un médecin qui va nous faire et nous donner un espèce de bilan. Ça ne se peut pas, une prescription en 5 minutes. Tu ne peux pas avoir une analyse TDAH en 5 minutes. Si c’est ça, change de médecin. Il veut juste te pluguer des pilules! Bref… Il faut faire attention. Le but n’est pas de nourrir le «pharma»… mais si tu as un dérèglement chimique cognitif, la médication peut t’aider, oui.
Je conseille d’ailleurs à 100% aux gens de faire un test d’ADN chez la compagnie québécoise BiogeniQ. C’est un test d’ADN de salive qui te permet de savoir quelle molécule ne convient pas à ton métabolisme. Parce qu’on a tous des métabolismes différents, d’où l’ADN! Si tu as un métabolisme rapide, telle molécule va peut-être être éliminée trop vite…. alors au lieu de faire augmenter ta dose, on va changer la médication! Donc, tu ne perds pas de temps dans l’essai-erreur. Un moment donné, la dose trop forte, ça crée d’autres problèmes. C’est environ 200$, mais tu n’as pas idée à quel point ça aide ta santé! Tu ne fais pas de tests sur ta santé t’sais! C’est l’avenir tout ça!
Moi, j’ai une super psychologue! Ça prend ça en parallèle, ça prend ça avec le fait d’en parler, de s’assumer aussi, de trouver des outils. Il y a tellement d’affaires que j’ai faites, et c’est pour ça la création de la Fondation J’aime les TDAH, parce qu’on veut faire en sorte d’outiller les parents et enfants de milieux défavorisés, mais aussi changer le modèle scolaire actuel. Je te jure, moi quand j’ai de quoi dans la tête, je l’ai dans la tête! On a rendez-vous avec Sébastien Proulx, le seul qui n’a pas été touché par le remaniement ministériel, et on est bien contents! On rencontre le ministre de l’éducation, on le rencontre en novembre, parce qu’on veut vraiment lui faire des propositions, vraiment s’inspirer de ce qui se fait dans les pays scandinaves pour que les élèves soient… Ils sont déjà sur-stimulés et on les médicamente pour qu’ils soient à un niveau plus calme…. Et ce n’est pas ça qu’il faut faire! Il faut changer l’école, pas les humains! Il faut s’adapter à la réalité des jeunes d’aujourd’hui. Tout va vite.
Quel conseil donnerais-tu à un jeune qui découvre qu’il a un TDAH?
Ça va bien aller! Sais-tu quoi? Tu le sais que t’es de même. Il ne faut pas que tu vois ça comme une fin en soi. T’es pas moins intelligent, au contraire… Tu as une intelligence différente! Les TDAH souvent on va être très créatifs, très «projustice»… ça fait des bons avocats, ça fait des gens qui ont de l’audace! Moi je suis téméraire! J’ai peur de rien. Y’a pas grand chose qui m’effraie. C’est niaiseux, mais quand tu as une peine d’amour, tu passes vite, parce que ça va trop vite! Tu passes à d’autres choses! Tu n’as pas le temps de niaiser, moi j’ai pas le temps de niaiser. Il y en a pour qui c’est plus difficile, parce que c’est un déficit de l’attention, mais on finit tout le temps par se trouver! Quand on est jeunes, c’est difficile, parce qu’on n’est pas responsables, on s’en «criss» un petit peu, mais quand tu viens à l’âge adulte, c’est là qu’il faut que tu apprennes à t’outiller! Et c’est quand tu fais ça que tu découvres finalement que c’est pas si pire avoir ton trouble!
Dans le livre, tu dis que tu aimes ta psychologue parce qu’elle te confronte et qu’elle aussi a un TDAH. Ça doit faire des flammèches en consultation (rires)!
Je suis dans l’ouverture! Je ne suis pas fermée, braquée à ce qu’elle dit, c’est là toute la différence. C’est aussi où je suis rendue dans ma vie. Mais le fait de reconnaître mon trouble d’opposition, parce que moi quand j’étais jeune, j’étais tout le temps en train de me pogner avec mes profs, mes directeurs, mes parents. Tout le temps! Je m’obstinais: «Pourquoi je dois apprendre ça? Qu’est-ce que ça va me donner dans la vie, d’apprendre ça? Ça ne me donnera rien! J’m’en fous de l’algèbre! Je ne serai pas mathématicienne! Je ne veux pas être scientifique!» C’était choquant! Je passais plus de temps à m’obstiner qu’à apprendre la matière. C’est comme ça que j’étais faite! Je ne dis pas que c’est la bonne affaire, mais une fois que tu l’as compris…. C’était dur aussi sur le système d’être toujours en opposition… Je ne comprenais pas pourquoi. Quand je l’ai compris, ça a fait du bien en tabarnouche. Même en couple, en relation, des fois! Ça m’a vraiment aidé de l’apprendre. Pis c’est avec ma psy qu’on a travaillé ça. Elle ne me dit pas ce que je veux entendre pis ça fait du bien. Je suis capable de le prendre et je suis rendue là dans ma vie.
À la toute fin, on dit que c’est la «première édition du livre J’M les TDAH»: il va donc y avoir un deuxième tome?
Mélanie Maynard m’a dit tantôt: «comment ça je ne suis pas dedans?»… Écoute… Dan Bigras, Kim Lizotte… Il y en a en tabarnouche des TDAH! Donc peut-être!!! Je le souhaite!