J’ai reçu dernièrement un message sur ma page. La dame en question demandait mon opinion sur les méthodes de sommeil. Faut-il laisser bébé pleurer ou éviter les larmes le plus possible? Ma réponse sera simple, mais complexe en même temps: ça dépend.
Le 5-10-15 et ses dérivés
Les techniques de sommeil enseignées par plusieurs professionnels ont fait leurs preuves. Lorsqu’elles sont bien appliquées, certains bébés font leurs nuits rapidement. Parfois, ça semble presque magique. Est-ce que je suis contre? Non. Est-ce que je suis pour? Non plus. L’important est de savoir ce que VOUS en pensez comme parent. Le jugement ou la position que je pourrais avoir importe peu.
Prenons par exemple des parents totalement épuisés, à court de ressources, qui en viennent à devenir très voire trop impatients en raison du manque de sommeil. Les techniques du sommeil pourraient leur permettre de retrouver un bien-être physique et psychologique. Les effets s’en feront ressentir tant pour chaque parent individuellement, mais également pour le couple et la famille. Si au contraire, les parents persistent à utiliser des alternatives qui ne leur conviennent pas sous prétexte qu’ils doivent absolument éviter les techniques de sommeil, alors ce couple pourrait vivre davantage d’épuisement et de frustration qui pourraient avoir des effets sur leur relation familiale et conjugale.
Le cortisol dans tout ça? Certaines personnes pourraient vous parler du haut taux de cortisol (l’hormone du stress) relevé chez les enfants lorsqu’ils pleurent. Cet argument sert entre autres à convaincre que les techniques de sommeil sont à proscrire. Un bémol est toutefois important. Premièrement, les études actuelles ne démontrent pas de séquelles à court ou long terme. Certaines études (Weinraub et al., 2016) rapportent même que les bébés qui ont appris à dormir sécrètent moins de cortisol, car ils arrivent à s’apaiser et à s’endormir plus rapidement. Ensuite, les recherches actuelles n’indiquent pas non plus de différences au plan relationnel (ex.: attachement), comportemental, émotionnel ou cognitif entre les bébés qui ont bénéficié de techniques de sommeil et les autres. Troisièmement, lorsque l’on parle de dommages significatifs en lien avec un haut niveau de cortisol on parle généralement de stress chronique, ce qui n’est pas le cas avec les techniques de sommeil.
Je dirais toutefois que l’utilisation de techniques de sommeil ne veut pas dire qu’il faut taire le besoin réconfort des bébés. Certains bébés ont besoin plus que d’autres d’être réconfortés à l’heure du dodo. Il est important de répondre à ce besoin émotionnel, car leur source d’apaisement, c’est d’abord vous!
Empêcher les pleurs à tout prix?
Encore une fois, je ne suis pas contre ou pour les parents qui ne veulent pas utiliser de techniques de sommeil. L’important est de s’écouter, de suivre son instinct, et surtout de s’ajuster à son bébé. Ainsi, si un bébé est apaisé, il n’a peut-être pas besoin à ce moment d’être à proximité de son parent. Ce dernier peut donc vaguer à ses occupations tout en restant à l’affût de son enfant.
Ceci dit, un élément que l’on entend moins est que plus le bébé grandit, et plus il a besoin de vivre des moments de frustration également. Ainsi, en empêchant les pleurs à tout prix, le parent n’accompagne pas son bébé à tolérer la frustration qu’il ressent à l’intérieur de lui. Loin de là l’objectif d’agir de façon sadique, mais bien de ressentir que lorsque l’enfant est suffisamment prêt, le hic n’est pas de le laisser pleurer pour exprimer sa tristesse, mais bien de ne pas l’accompagner à tolérer sainement sa frustration.
Pour finir, certains parents que je rencontre cherchent à éviter à l’avance que leur enfant crie ou pleure pour différentes raisons. Ils oublient toutefois que c’est également une force en soi pour le bébé d’apprendre à s’exprimer et s’affirmer par les pleurs.
Il n’y a donc pas que du mauvais dans le fait de laisser pleurer un bébé tant que la sensibilité parentale demeure présente.
On retient quoi?
- Faites-vous confiance: choisissez la façon qui vous convient le mieux et qui respecte tant vos valeurs que votre bébé. Pour ce faire, prenez le temps de lire et d’entendre des avis de parents et d’experts. Cela vous permettra de prendre une décision de façon éclairée.
- Réfléchissez à vos émotions: souvent, c’est un sentiment de culpabilité ou de peur qui guide les décisions quant au sommeil du bébé. Ces sentiments prennent parfois certains parents que je rencontre en otage. Rappelez-vous que si vous êtes un bon parent, ce n’est pas le sommeil de votre bébé qui déterminera sa relation avec vous. Tout est une question de portrait d’ensemble.
- Établissez votre technique: qui a dit qu’il n’y avait qu’une bonne façon de faire? Chaque bébé, chaque parent, est différent. Peut-être êtes-vous incapable d’entendre pleurer votre bébé trop longtemps, mais croyez tout de même qu’il doit apprendre à s’endormir? Pourquoi ne pas essayer des techniques avec des délais plus courts, ou encore demeurer dans la chambre près du lit en lui caressant les cheveux? Vous et votre bébés êtes les mieux placés pour savoir ce qui vous convient!