Nous, les enseignants de longue date, les vieux de la vieille vivons un véritable «cauchemar» chaque année. Des envahisseurs, nos nouveaux collègues, frappent à la porte de notre école, y mettent un pied, puis deux et décident d’y séjourner. À première vue, ils semblent inoffensifs, mais détrompez-vous, certains d’entre eux peuvent être contagieux ou même révolutionnaires.
Certaines de ces créatures sortent tout droit de l’université, des idéologies plein la tête. D’autres ont travaillé dans différentes écoles et ont décidé de changer de milieu. Ainsi, ils viennent à notre rencontre. Sont-ils conscients des conséquences de leur geste si important?
La prise de possession
Les nouveaux enseignants s’installent pour plusieurs jours consécutifs ou encore pour quelques semaines ou mois. Certains ont un poste permanent, d’autres exercent de la suppléance à court ou à long terme. Quand les nouveaux enseignants entrent en classe au cours de l’année scolaire, les règles sont déjà établies, la routine est installée et une pédagogie est implantée. Ils doivent s’ajuster au milieu et au groupe tout en ajoutant un brin de leur personnalité. Bref, ils doivent petit à petit prendre leur place dans la classe puis dans l’école. C’est une tâche ardue qui demande de la patience, de la persévérance, de l’organisation et un brin d’humour.
D’autres, plus chanceux, commencent leurs contrats en août, avant la rentrée des élèves. Ils ont donc la chance de préparer leur classe selon leurs besoins, leurs goûts et leur personnalité. Ils doivent, tout comme les autres, découvrir leur nouveau milieu de travail.
Viennent alors les nombreuses questions qu’ils se posent et auxquelles ils doivent rapidement trouver réponse. Quelles sont mes périodes libres? Quand dois-je aller surveiller aux récréations? Quel est le code du photocopieur? Quand dois-je remettre les notes pour le bulletin et quelles compétences dois-je évaluer? Quel est le Projet éducatif!? Le Plan éducatif? Qui siège sur le comité de parents? Donnez-vous des devoirs?
Les traces des envahisseurs
C’est généralement avec une grande et belle énergie que ces nouveaux enseignants arrivent. Ils sont beaux, ils ont des projets plein la tête, des idéologies et des opinions sur tout. Certains se font très discrets tandis que d’autres ne tardent pas à proposer des idées sur de multiples sujets relatifs au fonctionnement de l’école. Ils vont même jusqu’à proposer de nouveaux jeux pour la récréation et de nouvelles méthodes pour enseigner une notion. Ils nous brassent la cage, quoi! Quand je parlais d’invasion et de révolution…
Nous qui travaillons à l’école depuis plusieurs années, les accueillons et leur laissons une place, leur place. Mais qu’ils n’osent quand même pas s’asseoir à ma place dans le salon du personnel! Il y a des limites!
Les échanges
Nous, les vieux de la vieille, nous qui connaissons l’école de fond en comble, qui connaissons les élèves et leurs familles, devons partager avec ces nouveaux enseignants notre connaissance du milieu. Parfois, après quelques conversations avec eux, mine de rien, notre regard se modifie. On redécouvre alors certaines pratiques, certains élèves et certains membres de l’école avec une nouvelle perspective. C’est ce qu’il y a de merveilleux dans ce métier: les relations humaines nous font réfléchir, nous font avancer et nous permettent de nous améliorer.
Certains enseignants quittent après quelque temps et d’autres décident de rester pour plusieurs années. Ils deviendront à leur tour, les vieux de la veille!
Les nouveaux enseignants ont besoin de nous, mais je me rends compte que moi aussi, j’ai besoin d’eux.
Peu importe le milieu de travail, les nouveaux venus apportent toujours du renouveau. Avez-vous modifié certaines de vos pratiques suite à leur passage?