Hé oui, je l’avoue. Je suis encore à la recherche de mon complice de vie. Ce n’est pas une recherche exhaustive, on s’entend, mais je jette parfois un coup d’œil ici et là pour voir s’il n’y aurait pas matière à initier un petit battement d’ailes de papillon. Mais, pour tout de suite, les papillons semblent vouloir demeurer des chenilles…
Il y a quelques mois, sur le site de rencontre où j’étais inscrite, je suis tombée sur le profil d’un homme vraiment intéressant. La façon dont il se décrivait me faisait dire que c’était « trop beau pour être vrai ». Et le plus merveilleux dans tout cela, c’est qu’il recherchait un être humain normal comme moi. Pas un genre de femme prête à sauter en bungee sans la corde.
Je me lance donc et lui écris un petit message humoristique. Quelques heures plus tard, il me revient en proposant une rencontre dans mon patelin, car, coïncidence, il passe justement dans le coin ce dimanche.
La rencontre
Le soir du rendez-vous arrive. Il est pile-poil à l’heure et, au premier regard, son apparence générale me plaît beaucoup. Les points s’accumulent donc sur sa fiche d’évaluation.
Nous nous mettons à discuter et je découvre qu’il est une personne avec de bonnes valeurs et, qui plus est, a le sens de l’aventure. Plus le temps avance, plus je réalise que la chenille pourrait finalement se changer en papillon. Toutefois, le gros bémol pour les deux, c’est la distance… Une petite heure, mais on sait très bien qu’à la fin d’une journée de travail, ça peut paraître comme une montagne.
Comme nous sommes quasi les seuls dans le resto parce qu’on est dimanche soir et qu’on est à Drummondville, le serveur nous met un peu de pression. C’est alors qu’il me lance: «Qu’est-ce qu’on fait?» Euh… Mon premier réflexe est de penser qu’il veut mettre un terme à la soirée alors je me penche vers mon manteau en disant: «OK. On va y aller.» Il renchérit: «Non, non… Qu’est-ce qu’on fait? J’aime bien ce que tu es, ce que tu fais… blablabla.»
Je fige alors comme un chevreuil devant des phares d’auto et voilà que mon disque dur arrête complètement de fonctionner. Ce qui se passe par la suite restera toujours un mystère…
Je n’arrive plus à parler. J’ouvre la bouche et aucun son ne veut en sortir. Ça reste coincé dans ma gorge, donnant l’impression que je suis en train de baragouiner. Je me sens carrément comme Jim Carrey dans le film «menteur, menteur»; j’essaie désespérément de dire quelque chose et mon corps ne me le permet pas. Le malaise dure deux ou trois minutes qui me semblent une véritable éternité.
Il bouge sur sa chaise, inconfortable, et je vois l’incompréhension sur son visage. Il ajoute alors: « C’est correct.» (Traduction: Je vois bien que je ne te plais pas; n’en faisons pas un drame.)
Dieu merci (ou malheureusement finalement), j’arrive à émettre quelques sons, mais ce qui sort de ma bouche me discrédite encore plus que la séance de grimaces que je viens de faire. J’ose lui dire: «Ce n’est pas que je ne te trouve pas intéressant ni attirant…» Et là, vous pouvez compter un bon trente secondes avant que je poursuive… «J’ai l’impression que je veux et que je ne veux pas…» What???
À partir d’ici, on prend nos manteaux et on se dirige vers la sortie. Sur le trottoir, une bise sur chaque joue d’une froideur inimaginable. En fait, j’ai les deux mains dans les poches de mon manteau. Ça vous donne une idée du message que je lui transmets.
Une fois à la maison, j’appelle mon grand ami et lui raconte mon malaise en précisant que le candidat m’intéresse vraiment et que je ne comprends pas pourquoi j’ai carrément donné l’impression inverse. Il me conseille d’essayer de réparer ma gaffe, mais vous vous imaginez bien à quel point cette première impression a laissé sa marque.
J’ai eu droit à un deuxième rendez-vous avec la personne en question, ce qui a permis, à tout le moins, de me défaire de mon image de Cro-Magnon. Hihi… Mais, très franchement, je ne saurai probablement jamais ce qui s’est réellement passé ce soir-là. J’imagine que ce genre de situation vous est peut-être déjà arrivé?
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