par La colère a toujours davantage à dire que les mots qui sont exprimés là dans le moment. Et son intensité indique également à quel point ses racines sont beaucoup plus profondes que nous le pensons.
Lorsque nous sommes en colère, c’est d’abord et avant tout parce que nous ressentons un sentiment d’impuissance et/ou d’injustice. Soit nous nous sentons pris au piège, les pieds et mains liés, soit la situation éveille en nous le besoin de défendre haut et fort nos valeurs, notre honneur ou notre point de vue.
Repensons à nos colères, récentes ou plus anciennes, et à ce qui les a provoquées. Pour ma part, j’en ai une à vous raconter qui est quand même assez récente. En fait, ça faisait un bail que je n’avais pas autant été en colère (Dieu merci!) Mais voilà que, dans le cadre de mon travail, j’ai vécu ce qu’on appelle une grande frustration. Et c’est là qu’une fois de plus, j’ai compris que ce qui me mettait réellement en colère, c’était surtout l’impuissance que je ressentais de ne pas pouvoir dire exactement ce que la situation me faisait vivre.
En réalité, si ça avait été politiquement correct, j’aurais dit à la personne à quel point je la trouvais incompétente et cela aurait tout de suite apaisé mon esprit. Mais ça risquait de déclencher une troisième guerre mondiale, alors j’ai ravalé mes mots et la colère a monté en moi et est restée présente pendant plusieurs jours, jusqu’au moment où j’ai eu un moment seule avec cette personne et ai pu partager certaines impressions en mettant, bien entendu, mes gants blancs pour les exprimer.
Lorsque je repense à toutes les fois où, dans ma vie, j’ai vécu de grosses colères, le modèle est toujours le même: je bouille en dedans parce que je sens que je ne peux me permettre de dire le fond de ma pensée, ou je ne vois pas d’issue, ou la situation est un cas flagrant d’injustice.
Respirer et s’exprimer
Maintenant, comment s’en sortir? La solution: apprendre à exprimer calmement, à nommer ce que les circonstances nous font vivre. Si nous sommes trop énervés, il est parfois préférable de prendre un certain recul pour mieux nous comprendre d’abord afin de donner une chance à l’autre de nous comprendre aussi.
L’autre option est qu’on peut très bien entretenir un dialogue avec soi-même du genre:
- «Bon. Ce conducteur qui vient de me couper la route me met vraiment en colère parce que, déjà, la prise de bec avec mon conjoint ce matin a éveillé en moi une certaine frustration. Alors, je suis déjà dans une énergie noire…»
- «Quoi? Je n’aime pas du tout ce que mon superviseur vient de dire à mon sujet. Il vient de me discréditer devant l’équipe. Je vais donc prendre une grande respiration et calmement ramener le sujet pour valider ma compréhension.»
Ce dernier exemple est un cas vécu. Et je peux vous dire que le fait que je sois immédiatement revenue sur l’incident, en essayant de garder mon calme, a fait en sorte que cette personne a tenu à venir s’excuser quelques heures après.
En un mot, une colère, c’est souvent un dossier non réglé. Un dossier qui nous fait sentir impuissants ou frustrés du fait que nous y percevons une certaine forme d’impuissance ou d’injustice. Note importante ici: il arrive souvent que nous soyons agressés par une situation parce que nous sommes déjà préoccupés par quelque chose d’autre et c’est, malheureusement, la prochaine personne à nous offenser qui écopera. D’où l’importance de nous demander, à chaque fois: pourquoi suis-je autant en colère et qu’est-ce que je peux faire pour me sentir mieux?
